Charles Nahimana

Le long voyage de Charles Nahimana : une histoire de résilience

Début vingtaine, Charles Nahimana fait le choix de quitter la Tanzanie. En raison de l’horreur et à la recherche d’une sécurité qui se fait trop rare en Afrique centrale et orientale. Ayant abandonné ses études et après s’être aussi réfugié respectivement au Congo et en Tanzanie, il immigre au Québec. Là où il peut enfin se poser en toute quiétude. Parcours d’un Lanaudois résilient et inspirant, établi à Joliette depuis maintenant 23 ans.

Le long voyage de Charles Nahimana : une histoire de résilience

Originaire du Burundi, Charles Nahimana avait quitté son pays natal avant de se réfugier en République du Congo puis en Tanzanie. Ces déplacements, ils ont été provoqués par la peur et les traumatismes. « Je me suis réfugié au Congo après un massacre survenu à mon université au Burundi, alors que j’y étudiais l’éducation physique. J’ai fui en quête de sécurité, tout simplement. Un an plus tard, au Congo, la ville où je m’étais établi a éclaté. C’était la rébellion. C’est à ce moment que j’ai décidé de me réfugier en Tanzanie. »

Joliette, un baume

Le continent qui l’a vu grandir lui rappelant de douloureux souvenirs, il entreprend des démarches pour immigrer à l’extérieur de l’Afrique, à la recherche d’un pays prêt à l’accueillir comme réfugié. C’est ainsi qu’il est sélectionné par le gouvernement du Canada. « Je n’avais aucune idée d’où je voulais aller. Je voulais juste partir. Puisque je parlais déjà français, les représentants du gouvernement m’ont conseillé le Québec. Mon intégration et mon entrée sur le marché du travail seraient plus faciles. C’est comme ça que je suis arrivé ici en 2000. »

Montréal, Québec ou Joliette, peu importe. Charles Nahimana ne connaissait aucune ville du Québec. Il est arrivé à Joliette par le plus grand des hasards – un heureux hasard, un soulagement après tant d’années à fuir l’horreur.

« Arriver dans une ville aussi dynamique et active que Joliette, ça a été un réel baume. L’accueil des Joliettains, les nombreux spectacles et activités organisés nous ont fait oublier, le temps d’un instant, nos moments difficiles et nos souffrances. »

Intégration et jumelage

Bien que son intégration remarquable ait été soulignée dans un documentaire réalisé par le Burundi Film Center, les premiers jours en sol lanaudois n’ont pas été faciles pour Charles Nahimana, son épouse et son frère, qui se sont réfugiés avec lui à Joliette. Laissant derrière eux la famille et les amis, ils ont vécu un choc culturel, aussi normal soit-il, en arrivant au Québec.

« Heureusement, nous avons été choyés d’être jumelés à une famille québecoise de Crabtree lors de notre arrivée. Ces gens nous ont été tellement précieux. Nous n’avions aucun repère et faisions partie des premières familles africaines à s’établir à Joliette. Tout était nouveau pour nous. Cette famille nous a été d’une grande aide et fait toujours partie de nos vies aujourd’hui, 23 ans plus tard. »

Son intégration facilitée par cette famille locale, Charles Nahimana fait son entrée sur le marché du travail en novembre de la même année, soit trois mois seulement après son immigration. Pour lui, c’était important de redonner aux Québécois. « Quelque part, il y a quelqu’un qui a travaillé pour que j’arrive ici. Quelque part, quelqu’un d’autre a besoin de mon aide, alors je mets l’épaule à la roue. Je voulais rapidement me mettre en action pour contribuer, moi aussi, à la société et permettre ultimement à d’autres réfugiés de s’établir ici. »

C’est aussi pour cette raison qu’il s’implique bénévolement dans de nombreuses organisations locales depuis 16 ans, notamment au CRÉDIL, et au sein d’associations sportives (Jet Triathlon, Association de soccer du Nord de Lanaudière, etc). « J’ai abandonné mes études en éducation physique deux semaines avant d’obtenir mon diplôme. M’impliquer bénévolement dans le sport, ça me rapproche de cette carrière que j’aurais pu avoir. Ça me donne beaucoup d’énergie. »

« Le bénévolat est aussi un héritage familial, car mes trois enfants en font et s’impliquent dans notre communauté d’accueil. Ça fait la fierté de notre famille, dont la devise est de donner au suivant. »

Une région riche en formations

En plus de son implication bénévole, Charles Nahimana est rapidement retourné aux études et a complété une formation en électromécanique de systèmes automatisés à Montréal puis en électronique industrielle au Cégep de Terrebonne. La région offrant de nombreuses possibilités de formation, son épouse a pour sa part complété ses études collégiales en soins infirmiers à Joliette, avant d’aller étudier en sciences infirmières à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Elle travaille présentement au Centre hospitalier de Lanaudière.

Les trois enfants du couple ont aussi étudié à Joliette et sont promus à un bel avenir. « Nous sommes fiers d’avoir offert ce milieu de vie à nos enfants. Ils sont nés ici. Pour eux, Joliette, c’est chez eux. Et pour moi aussi. »

« J’ai même des amis de Montréal qui ont fait le choix de quitter la grande ville pour emménager à Joliette tant ils ont aimé la ville, sa chaleur et son accueil! Joliette est une ville de culture et nous sommes fiers d’y contribuer. »